Olivia, j’ai l’impression qu’on te met beaucoup en avant pour la
promo de Tron L’Héritage , histoire de faire venir les filles au ciné.
C’est vraiment un film girlfriendly ?
Olivia Wilde : Girlfriendly j’en sais rien, mais je suis sure
d’une chose : les femmes vont adorer la même chose que les garçons. Les
voitures, les effets, l’intrigue, les performances... Et surtout la
mode. Tout est sublime d’un point de vue esthétique : regarde les
décors, les costumes, les coupes... A mon avis, les filles vont aussi
s’identifier à Qora. Ce n’est pas qu’une tentatrice et elle n’est pas là
uniquement pour que les mecs puissent se rincer l’oeil. Cora peut servir
de role models. Soyons sérieux deux minutes : dans la SF, les rôles
féminins sont toujours des faire-valoir. Quand j’étais petite, il y
avait Wonder Woman. Elle était une des rares à se battre pour la justice
et la vérité. Aujourd’hui, à qui les gamines peuvent s’identifier ?
Personne. Elles s’habillent en princesses.... Qora est une alternative.
Tu as vraiment grandi en regardant Wonder Woman ? Ou tu essaies de me
faire croire que tu es geek ?
O.W. : Oui... enfin, je préfère dire nerd. Pour moi, le geek c’est un
pro de l’informatique et des nouvelles technologies... Et dans ce
domaine, je dois avouer ma nullité. Nerd par contre, totalement.
Rosario Dawson a une Bible traduite en Klingon.... T’as mieux comme
gage de ton nerdisme ?
O.W. : Je joue dans Tron ! Et crois moi, pour jouer dans un film pareil,
où l’on ne voit que des belles bagnoles, des costumes de fous et des
décors dignes de Star Trek ou de Metropolis, il faut avoir un vrai côté
nerd ! Quand je disais que pour moi Qora était une Jeanne d’Arc du
futur, ou qu’elle était zen, ou bien qu’elle agissait comme un samurai
de la Tohei, l’équipe me suivait... C’était génial
J’imagine que tu connaissais l’original ?
O.W. : Bien sur. Ca a évidemment vieilli, mais l’esthétique weird de ce
film m’a toujours fasciné ! Et puis, c’est une oeuvre révolutionnaire.
La CG n’avait jamais été utilisée à ce point auparavant... D’ailleurs,
le film avait été disqualifié pour les Oscars de 83 ce qui est dingue
quand tu penses à la réception d’Avatar l’année dernière... Tron fut une
matrice pour tous les films de SF apparus depuis 30 ans. Mieux : ouvre
les yeux, regarde autour de toi. Familly Guys, South Park... il y a eu
tellement de parodies que Tron est passé dans la culture populaire. Un
peu comme Star Wars à mon avis.
C’est un peu osé comme comparaison, non ?
O.W. : Beaucoup de gens n’ont pas vu Star Wars ! Et pourtant, ils ont
l’impression de faire partie du pouvoir de la Force. Tron, c’est pareil.
Le film n’a peut être pas été beaucoup vu, mais tout le monde connait le
design du film et ses enjeux.
Puisque le film est une métaphore sur notre relation au monde
virtuel, je voulais avoir ton avis sur ce sujet...
O.W. : Hmmmm. Les technologies modernes nous rapprochent évidemment...
Je peux ichatter avec un ami chinois. C’est évident qu’il s’agit d’un
progrès pour l’humanité. Mais le message du film est simple : on doit
embrasser et profiter de ce qui est le propre de l’humanité. Du coup, on
ne doit se servir de la technologie qu’à des fins positives. Et
reconnaitre à quel point c’est facile de se perdre dans les
technologies. Personnellement, j’utilise les technologies comme tout le
monde : je suis rivée à mon portable, je vis sur internet, j’ai oublié à
quoi ressemblait la vie avant Google... Mais parfois j’ai besoin de me
déconnecter, de faire des coupures. Et là, je me rends compte à quel
point nous sommes esclavagisés. Récemment, je cherchais un numéro de
téléphone que je ne trouvais pas et un copain m’a dit, “t’as essayé
l’annuaire?”... Je suis tombé de ma chaise ! Littéralement. J’avais
effacé ça de ma mémoire. Tron interroge notre rapport au virtuel, comme
Blade Runner, comme Matrix.... la question posée est à chaque fois la
même : le singe contre le robot. Comment les deux peuvent coexister.
Nous sommes les singes et le virtuel est le robot. Comment faire pour
que les deux fonctionnent ensemble. On peut utiliser la technologie pour
sauver le monde. C’est ce qu’il faut faire. C’est ce que veut faire
Kevin Flynn dans le film... C’est pour ça qu’il a créé son programme à
la base, sauver l’humanité. Pffff ça y est, je m’emporte. Bref, tout ça
pour dire que le film est une vision optimiste de la technologie.
J'étais pas trop longue ?
Non, non, c’était parfait. D’ailleurs, tu opposes les singes aux
robots. Comment as-tu fait pour jouer un programme ?
O.W. : J’ai pensé à des personnages mythologiques. Jeanne d’Arc par
exemple... Elle avait 14 ans quand elle est partie en guerre, elle était
persuadé d’entendre Dieu; elle oeuvrait pour une force supérieure, sans
ego. Sans peur. Même si c’était une femme, elle était totalement à part.
C’est comme ça que je voulais que Qora soit : pleine d’émotion,
compatissante et connectée avec un truc qui nous dépasse. Physiquement,
il fallait qu’elle soit plus forte que les hommes.
Bon, maintenant, la question que tout le monde se pose : si tu es un
robot et que le personnage de Garrett Hedlund est humain, comment est-ce
que ça peut marcher votre histoire ?
O.W. : (rires) La question qui tue ! Bon disons que ce sont des jumeaux.
Ils sont frère et sœur, parce que Qora a été adopté par Flynn qui la
considère comme sa propre fille mais dans le monde virtuel... Et
soudain, son vrai fils débarque. Les humains ne croient pas forcément
dans l’existence du monde de Tron, mais cette hypothèse peut être
réciproque : les gens de Tron ne sont pas sur que le monde des humains
existe. Quelle est la vraie réalité ? Quand Sam débarque, elle est
abasourdie. Elle découvre des sensations qu’elle ne connaissait pas...
Mais la suite est dans le film.
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